SIÈGE D'ORLÉANS

a réalité fut beaucoup plus banale et beaucoup moins héroïque qu'on ne le croit d'ordinaire. Les individus, les convois, et même les troupes Françaises ont pu entrer et sortir de la ville sans encombres. Il n'y a eu ni famine, ni épidémie, ni assauts, ni combats sur les murailles. Quant à la délivrance d'Orléans, elle a consisté en la prise de trois bastides, et elle a été principalement l'œuvre des hommes d'armes envoyés par le roi qui sont entrés dans la ville en même temps qu'un convoi de ravitaillement.


Jeanne, qui, ce jour-là, a combattu les armes à la main, n'y a pas joué un role particulier, mais sa présence a été pour les combattants un adjuvant psychologique considérable. L'affaire a été ultérieurement montée en un épisode épique, autant pour les besoins de la propagande religieuse que pour ceux de la propagande patriotique. Ce n'est pas un manque de respect à la Pucelle, mais au vu des témoignages qui nous sont parvenus, la réalité n'a aucun rapport avec ce que l'on nous décrit depuis Michelet.

A l'époque Orléans couvrait une superficie de 45 hectares (aujourd'hui soixante fois plus !) et abritait deux ou trois milliers d'habitants. Sa situation était stratégique car ses puissantes murailles protégeaient le pont qui mène à Bourges - et donc au Dauphin. Ces dernières étaient hérissées d'une trentaine de tours (de guet et de défense) et étaient percées de cinq portes: la porte du Pont au Sud, la porte Renard à l'Ouest , la porte Barnier et la porte Parisi au Nord , la porte de Bourgogneà l'Est.

Entre le moment ou l'armée Anglaise arriva en vue d'Orléans et celui ou Jeanne pénétra en ville avec Dunois, il s'écoula un peu plus de six mois sans qu'il ne se passe rien (aucune tentative d'assaut). Les Anglais construisirent une dizaine de bastides autour de la ville, sauf à l'Est, et c'est donc par la porte de Bourgogne que Jeanne fit son entrée dans la ville, le 29 avril 1429, sans aucun combat et sous l'œil amusé des Anglais (témoin n°110 procès en null.) D'autre part, elle n'arrivait pas avec une grande armée ni même avec un régiment; elle était accompagnée des maréchaux Gilles de Rais et Boussac, par le seigneur de Culan, et par Etienne La Hire plus quelques hommes d'armes qui encadraient les chariots de ravitaillement.

Ce n'est que le Mercredi 4 mai que les hostilités débutèrent :

Dunois, Gilles de Rais et les autres, décidèrent de prendre la bastide de St Loup sans Jeanne d'Arc!

Ce fut une réussite, et Jeanne arriva sur les lieux dans les derniers instants du combat, fort contrariée de n'y avoir participé…comme l'illustre très bien Besson dans son film.

Le Vendredi 6 mai, c'est à la Pucelle de faire le même coup à ses amis :

Passant outre les décisions de Dunois et des capitaines, et les ordres de Gaucourt, elle emmena les hommes d'armes à l'assaut de la bastide des Augustins. Les combats durèrent toute la journée sans succès jusqu'au crépuscule, et Dunois donnant l'ordre à ses troupes blessées et épuisées de faire retraite, les Anglais commirent une faute énorme; ils sortirent de leur forteresse afin de combattre en rase campagne!. La Hire Dunois et Jeanne firent demi-tour, et les Anglais furent bousculés et la forteresse prise… Ce fut une victoire inattendue.

Après avoir pris la bastide de St Loup puis la forteresse des Augustins, il ne restait plus aux Français pour que toutes les routes à l'Ouest et au Sud d'Orléans fussent libérées, que d'emporter le fortin des Tournelles. Ce fut fait le Samedi 7 mai, mais la bataille fut rude. Elle dura de 6 heures du matin jusqu'à la nuit. Jeanne fut blessée d'une flèche au coup, mais après avoir été soignée retourna au combat. La place fut prise à la nuit, et « beaucoup d'Anglais périrent noyés » (témoignage Louis de Coute). Pour la petite histoire, Glasdale, qui avait un jour traité Jeanne de putain, périt lui aussi noyé. Autour d'Orléans on releva 114 cadavres Anglais !

Mais pourquoi, le Dimanche 8, les Anglais plièrent bagage en silence, avec le gros de leurs forces (les 4000 hommes cantonnés à 20 kilomètres), et partirent vers le Nord sans livrer bataille? Cela reste sans réponse...