JEANNE D'ARC

                   ou la manipulation du siècle

Les Anglais, les « Godons » comme on les surnommait, n'y ont été pour presque rien dans l'affaire Jeanne d'Arc, car ce sont les Bourguignons qui l'ont capturée devant Compiègne, par l'intermédiaire de Jean de Luxembourg (vassal de Philippe le Bon, duc de Bourgogne) et c'est l'Université de Paris alors toute puissante et l'Inquisition tant redoutée qui la leur ont réclamée pour lui faire un procès en hérésie et la brûler

(merci à la Sainte Eglise qui, une bévue de plus, a su reconnaître ses braves)

Que se serait-il passé si seuls les Anglais l'avaient gardée ? Elle aurait été probablement emprisonnée à vie outre-manche.

L'intervention de la Pucelle au sein de la guerre de cent ans ne dura que Quinze mois, et fut de loin moins meurtrière que certains épisodes tel Azincourt. (7000 morts contre 144 à Orléans et plus ou moins 2000 à Patay) Au demeurant, cela ne changea pas grand chose, puisque ladite guerre de cent ans (en fait elle dura quelques cent trente sept ans, avec soixante dix ans accordés aux trêves !) continua encore un demi-siècle après le bûcher de la place du vieux marché à Rouen.

On se battait contre les Anglais, certes, mais en 1328 ceux-ci avec Edouard III Plantagenêt sont prétendants à la couronne de France au même titre que Philippe VI, fondateur de la dynastie des Valois. Ils ont le même degré de parenté avec le dernier des Capétiens, Charles IV. Alors, ils n'étaient pas si vilains que ça ces « Godons »! Leurs diverses tentatives d'invasion étaient grandement fondées… (ils nous ont rendu la monnaie de notre pièce, lorsque nous - Guillaume le Conquérant, duc de Normandie - avons été les envahir en 1066, et détrôner le roi saxon Harold afin de se couronner roi d'Angleterre !

De ses deux « missions divines » seul le sacre de l'apathique Charles VII a véritablement influencé le cours de l'Histoire, car la levée du siège d'Orléans, qui n'en était pas vraiment un, n'importe quel capitaine du Dauphin aurait pu faire de même. En effet, le gros des forces Anglaises étaient cantonnées à une vingtaine de kilomètres de la ville, celle-ci étant juste surveillée par quelques centaines d'hommes répartis dans des bastides. On entrait et sortait d'ailleurs comme dans un moulin de cette cité, qui ne souffrait en rien de cette surveillance.

Jeanne d'Arc a surtout réveillé les ardeurs des Armagnacs qui se laissaient grignoter petit à petit par la coalition Anglo-Bourguignone. Sur le terrain, elle exhortait ses troupes au combat et enflammait la soldatesque. Ses qualités de courage (dus probablement à la fougue de son jeune age et à sa naïveté) et de foi qui lui ont donné sa formidable énergie, étaient nettement supérieures à ses capacités militaires, tant tactiques que stratégiques. Ses élans guerriers exaltés l'ont plutôt fait mal voir auprès des conseillers du Dauphin qui étaient plus pour négocier que guerroyer sans fin.

La pauvre Pucelle a été manipulée d'un bout à l'autre de sa brève épopée, par des forces politico-dynastiques qui la surpassait complètement. Elle a été délaissée - voir abandonnée - par Charles VII qui préférait négocier avec Philippe le Bon, plutôt que le combattre. C'est aussi certainement grâce à Yolande d'Aragon (belle-mère de Charles VII) que Jeanne a pu rencontrer son « gentil Dauphin » et, de fait, mener sa divine mission. (ses propres territoires - l'Anjou et la Touraine - étant menacés par l'avancée Anglaise)

Merci à Roger Caratini pour

les précieux renseignements

de son livre sur Jeanne d'Arc